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Où l'intéressé joue au poète...

ADN

 

Dans ma grotte, il m'arrive de fermer les yeux

Et d'imaginer que je refais le chemin à l'envers,

De l'homme que je suis... désabusé, presque vieux,

Jusqu'au fœtus que j'étais, prêt à croquer l'Univers !

 

Mes brins d'ADN, dans un délice amoureux,

En une double hélice, s'assemblent deux par deux...

 

Dans ma grotte, ils puisent l'eau, les sels minéraux

Qui feront ma fragile chair et mes os....

 

Dans l'azote et le carbone, lentement ils façonnent

Mon cœur qui déjà dans ma poitrine résonne...

 

Dans l'hydrogène et le fer, ils forgent mes paupières

Qui déjà, ne songent qu'à accueillir la lumière...

 

D'une pincée de phosphore, ils achèvent alors

De donner des rêves au petit être qui dort...

 

« Oooh !............ Aaaaaaaaaaaah !............ »

 

Mes brins d'ADN, dans un doux ravissement,

Contemplent le tout, échangent moult compliments !

 

Alors, lentement... prudemment... j'ouvre les yeux.

 

Ah ?! Tiens ?!... Vous êtes là, vous aussi ? Curieux...

Dans mon souvenir, nous étions pas si nombreux...

De la compagnie ? Soit ! C'est bien plus chaleureux !

Pour débuter l'existence, quoi de plus merveilleux ?

 

Jungle 

 

Phosphorescente et taboue,

Tapie dans l'ombre et la boue,

La jungle crépite et siffle.

​

Les corps humides et lascifs

Gémissent, prennent la pose,

Mollement, se décomposent.

 

Les oiseaux de paradis

Disent  l'éternité 

De la jungle abandonnée.

​

Mais déjà, dans le lointain,

Les bulldozers carnassiers

Agitent leurs crocs d'acier.

 

Et les oiseaux affolés

Tremblent, épouvantés,

Pleurent dans l'obscurité

La jungle blessée...

 

Y A QUELQU'UN ?

 

​
​Vous avez peur de la nuit...

Le silence vous insupporte...​

Vous voudriez sortir d'ici.
Vous enfuir de cette grotte...
Les yeux
hagards, le teint blême
Face à face avec vous-même,
Vous restez seuls 
et tremblants

Dans la nuit... implorant :


« Ho ! Y a quelqu'un ?

Ho !Y a quelqu'un ? »


Moi, je ne crains plus la nuit.
Mais il n'en fut pas toujours ainsi...
Pendant longtemps je l'ai fuie.
Me réfugiant dans les villes
Aux cœurs
bruyant​s et fébriles.
Écumant les bars de nuit.
Le teint blême. Seul et perdu.

Vociférant dans les rues :

​
« Ho ! Y a quelqu'un ?

Ho ! Y a quelqu'un ? »​
 

Oui....Ici aussi, tu es seul.
Il n' y a rien ni personne
Que toi et le
vide infini
Fait de silence et de nuit.


Mais garde-toi bien, l'ami,
D'en vouloir à ce silence
Et à la
nuit que tu maudis.
Car les plus beaux silences

Sont ceux que l'on invite.

Et les plus belles nuits
Sont celles que l'on
habite...
 

Si à l'un, tu refuses l'invite

Et de l'autre, refuses le gîte

Alors, ne t'en prend qu'à toi même...
Ni cette grotte, ni la nuit​​
Ni le silence, ni l'ennui
Ne sont tes ennemis...
​

Les peupliers - Roger-André Halique / S. Bersier
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